au bonheur des lévriers

mardi 23 décembre 2014

Noël 2014



P.J Endres


L'année 2014 s'achève avec l'heureuse surprise du retour de Mina à la maison après des mois d'exil chez mes voisins Philippe et Florence qui lui ont généreusement accordé l'asile politique. Il y avait probablement eu un conflit de territoire avec Fétiha, car Mina a fichu le camp - après avoir copieusement arrosé mon lit et celui des chiens, une panière et le canapé - dès lors que Fétiha a su grimper l'escalier et pénétrer dans ma chambre.
Il a fallu refaire les présentations avec Chandigarh, censé être ok chats depuis un test effectué à Dubaï, mais qui s'est révélé être plutôt prédateur lorsque la plupart de ses inhibitions sont tombées...  La cohabitation est donc possible, quoique sous étroite surveillance, mais Mina ne rase pas les murs pour autant et ose s'installer dans la même pièce que les chiens sans craindre d'être pourchassée. Ces retrouvailles sont inespérées et n'auraient pû se produire sans les conseils et l'intercession de Rachel qui a joué la médiatrice familiale avec tout son talent de communicatrice.



Je ne ferai plus de colliers pour lévriers, il y a plein d'artisans professionnels qui font ça mieux que moi comme Didier Guilloux http://www.soukha.fr/ et Sylvie Manseau : http://www.ametys-cuir.com/fr/collier-chien-cuir-creation.php .

Désormais, je brode les perles à mes heures perdues. J'ai découvert cet artisanat inspiré de techniques amérindiennes à travers les créations et livres de Heidi Kummli, Sue Horine sur Etsy, et en France le travail d'Esther Willer http://www.alittlemarket.com/boutique/esther_willer-145234.html
 

création huichole

Sue Horine


Mischka
Heidi Kummli



 Je me suis initiée à la broderie de perles grâce aux tutoriels en ligne et aux blogs de perleuses. Et à présent je me débrouille suffisemment pour faire des pièces qui demandent patience et longueur de temps...








En vente sur ma boutique : http://www.alittlemarket.com/boutique/kathmandou_shop-285713.html

lundi 8 décembre 2014

Los Galgos Ahorcados



Voici le plus beau texte jamais écrit sur les galgos. Il est signé Rafael Narbona.
J'ai choisi les oeuvres de José Amezcua, espagnol lui aussi, pour l'illustrer :


L’Espagne est le pays où l’on pend les galgos. L’Espagne est le pays qui ne sait pas apprécier l’inconcevable tendresse d’un animal qui s’enroule dans l’air en dessinant d’impossibles pirouettes. L’Espagne est le pays des arbres aux branches assassines, où une corde infâme moissonne une vie aussi légère que l’écume. L’Espagne est une terre inféconde qui enterre la poésie dans ses entrailles mortes.
Les galgos sont des poètes embusqués dans le vent, ils tournent à droite ou à gauche en silence, se faufilant comme un ruisselet d’eau échappé d’un canal d’irrigation. Les galgos sont des poètes qui se détachent sur la lune en dessinant d’improbables silhouettes. Les galgos chevauchent les mots ou sautent par-dessus, se jouant des tildes, si arrogantes et inflexibles. La tilde est une dame ridicule qui se cloue sur les mots, telle une épine. Les galgos dérangent ses habitudes en la lançant dans le vent qui joue avec elle jusqu’à l’ennui et alors, dépité, il l’abandonne sur un toit où elle ressemble à une brindille. Parfois, elle finit dans un nid. Là, elle y reçoit des leçons d’humilité et accepte sa douloureuse nullité. Les pas d’un galgo ne laissent pas de traces. Ils sont rapides, ailés presque éthérés. Ils ne sont affectés ni par la gravitation, ni par la dureté de la pierre. Quand la folie s’empare d’eux, les galgos accélèrent le mouvement de rotation de la terre. Le regard peut à peine suivre des yeux leur galop échevelé mais grâce à leurs courses nous pouvons écouter la musique des sphères terrestres. 
Les galgos se moquent de l’orthographe en étirant ou en repliant leurs oreilles. Les oreilles d’un galgo peuvent se transformer en X, en Y ou en LL. Et même, en se forçant un peu, ils peuvent esquisser la N ou le nombre Phi, le nombre d’or où se cache Dieu, ils s’amusent avec tous ces chiffres avec une facilité déconcertante qui laisse loin sur place les maîtresses d’école. Les maîtresses d’école ne comprennent rien à Dieu ni aux galgos. Dieu est un enfant qui utilise les pointillés pour traverser les rivières. Il les lance l’un après l’autre et avance à petits sauts. Ceux qui lui restent, il les garde dans sa poche. Les galgos ne se séparent jamais de Dieu car ils savent qu’il a besoin d’eux pour ne pas se perdre par les chemins où est posté l’homme avec une faux dans sa main. On nous a raconté que Dieu est un vieillard à la barbe blanche et à la peau ridée mais Dieu est un enfant malade qui fait taire sa douleur en caressant la tête osseuse d’un galgo. Les galgos surveillent le monde pendant le repos de Dieu. Chaque fois que quelqu’un commet un méfait, ils lancent un aboiement et Dieu se réveille mais Dieu ne peut rien faire car personne ne prête attention à un enfant trop petit pour atteindre le trou de la serrure d’une porte, même en se hissant sur la pointe des pieds.

Les hommes qui pendent les galgos ont perdu leur âme depuis bien longtemps. En réalité, leur âme a fui, épouvantée quand elle a découvert leurs mains ensanglantées. Les hommes qui pendent les galgos cachent leurs yeux derrière des lunettes noires car ils savent que leurs yeux les trahissent. Il suffit de les regarder pour se rendre compte qu’il n‘y a rien derrière.Les hommes qui pendent les galgos sont les mêmes qui ont fusillé Garcia Lorca. Pour eux cela n’était pas important de déraciner de notre sol un poète qui dormait au milieu de camélias blancs et qui pleurait comme l’eau. Ils s’en fichaient de l’ensevelir dans une tombe anonyme, avec les yeux ouverts et une grimace de terreur. Les hommes qui pendent les galgos parlent à peine ; Ils n’aiment pas les mots. Ils n’aiment pas justifier leurs actes ni manifester leurs émotions. Ils laissent des traces de douleur et de peur. Ils se moquent des poètes qui passent leurs nuits éveillés à chercher un vers pour terminer un sonnet. Ils se moquent des insensés qui rêvent d’un futur sans bombes ni ruines noires. Ils se moquent des promesses que l’on nous a faites quand nous étions enfants, ces promesses qui nous assuraient que l’éternité rend la mort paisible en nous évitant de tomber dans l’oubli.
 Chaque fois que meurt un galgo, un enfant devient orphelin. Les galgos prêtent la lumière de leurs yeux aux enfants malades. Ils les accompagnent dans leurs nuits de fièvre et leurs cauchemars. Ils les réveillent tout doucement en leur parlant à l’oreille du jour qui arrive dans sa fraîcheur et sa lumière naissante. Ils leur parlent du printemps et de la graine qui va fleurir. Ils leur parlent des matins ardents de l’été quand la mer s’offre amicalement et que le soleil ressemble à une pierre jaune qui n’en finit pas de tomber. Ils leur disent que l’hiver s’est caché derrière un arbuste et y es resté endormi. Les enfants malades sont ceux choisis par le Jeune Rabi pour montrer au monde la beauté dans sa forme la plus pure. Le jeune Rabi a fait face au pouvoir des ténèbres avec la seule aide d’un enfant estropié et d’un galgo famélique, en sachant que la compassion est une fleur étrange. Une fleur qui ne pousse que sur les versants escarpés et les profondes solitudes, où les prières grelottent de peur en pensant qu’elles resteront muettes dans un sous sol vide. 
Certains matins, je me lève tôt et les galgos sont déjà sur l’esplanade qu’ils appellent place avec sa triste église à la façade blanchie à la chaux pour cacher la pierre ; il y a aussi un arbre au tronc noueux qui ressemble à des bosses. Attachés par de longues chaînes, tous sont jeunes et ignorent ce qui les attend. Ils ignorent que ce jour-là certains finiront leur vie dans les champs, dépassés par la cruauté humaine. Je pourrais les avertir mais les hommes qui trament leur mort déambulent avec des fusils et de longues cordes. Leurs yeux ressemblent à des braises allumées d’une vieille haine. Les yeux des galgos battent des ailes comme des papillons de couleurs. Bleu, châtain, violet peut-être même d’une ténue splendeur dorée comme un vieux clairon.

Certains sont assis, d’autres couchés sommeillant. Certains sont debout, d’autres écroulés. Certains sont si maigres qu’ils semblent léviter. Certains semblent faits d’argile, d’autres d’argent, d’autres sont blancs comme l’aube. L’aube qui déjà arrive et les met en mouvement.


On entend les chaînes, les cris, les éclats de rire. Ils s’éloignent tous ensemble, unis dans un destin inégal. Je ressens ce qu’a senti Don Quichotte en contemplant les galions condamnés à pousser un énorme bateau de guerre avec une rame « Pourquoi traiter en esclaves à des êtres que Dieu et la nature ont voulu libres ? » Je me suis assis sur un banc de pierre et je les ai regardés s’éloigner.  Un galgo blanc, à la démarche résignée, tourna la tête et me regarda humainement avec des yeux fatigués et une faible lueur d’espoir. Nous savions tous deux que nos vies étaient une étincelle, un moment de clarté dans des ténèbres infinies mais nous nous efforcions de penser que nous pourrions nous revoir sous d’autres cieux, nous promenant dans une plaine sans fin, loin de cette matinée de tuerie qui faucherait les vies des faibles et des amochés. Nous nous retrouverions dans une matinée sans pénombre ni oubli, un matin de plénitude et de splendeurs, un matin parfait sans peurs. Nous nous regarderions de nouveau comme deux vieilles connaissances qui ont découvert le bonheur l’un dans l’autre. Ses yeux dans mes yeux, ses rêves dans mes rêves et nos battements de cœur à l’unisson dans le vent.
 





Rafael Narbona



Merci à l'association Liaison-Lévriers pour avoir publié ce texte sur son blog :
http://www.liaison-levriers.org/

Pour lire le texte de Narbona en espagnol :
http://rafaelnarbona.es/?p=484

mercredi 19 novembre 2014

L'Automne en Corrèze



Ce n'était plus l'été indien en Corrèze bien sûr, en cette mi-novembre, mais dans les bois enchantés de Gimel-les-cascades, n'était le tapis de feuilles mortes, on aurait pû se croire au printemps le 11 novembre au matin tant les rayons du soleil filtraient doux au travers du feuillage claisemé...



Ruine de l'église St Etienne de Raguse
Chandigarh, Prince of Woods

La Montane à Gimel
J'y vais ? J'y vais pas ?

Au Suc au May en revanche, aucune confusion possible, la sonate d'automne en roux majeur jouait allegro.






La Pierre aux Druides , Treignac


Sous l'arc-en-ciel, Ruben


jeudi 7 août 2014

Hadjar miraculé Hadjar sacrifié



Chers amis des lévriers, j'ai appris une bien triste nouvelle cette semaine : Hadjar n'est plus de ce monde.

Si vous suivez ce blog vous vous souvenez certainement de mon petit protégé de Strasbourg.
A l'automne 2012 j'avais répondu aux appels à l'aide de Vanessa, sa propriétaire, qui avait besoin de soutien, d'argent et de conseils pour soigner son jeune whippet paralysé de l'arrière train suite à une collision.
Vous aviez été nombreux à faire des dons, et grâce à votre mobilisation Hadjar a pu bénéficier de soins appropriés et a rencontré des personnes dévouées qui l'on accueilli ponctuellement chez elles.
Malheureusement, la propriétaire d'Hadjar s'est montrée indigne de votre soutien et a trahi notre confiance puisqu'elle a fini par faire euthanasier Hadjar le 13 juin 2014 , alors qu'il était complètement rétabli : plus de plaies, une motricité satisfaisante récupérée grâce aux séances de physiothérapie.




A dire vrai, Hadjar a bouleversé la vie de certains d'entre nous. Pour le meilleur et pour le pire.
Je n'ai jamais rencontré physiquement Hadjar mais un lien indéfectible me reliait à lui.

Quand les marraines qui gardaient Hadjar se sont rendues compte de la négligence et des mauvais traitements qu'il endurait, quand sa propriétaire a annoncé sur un forum en mai 2013 qu'elle allait le faire euthanasier si aucune famille d'accueil ne voulait le prendre en charge, un point de non retour était atteint dans nos relations avec la propriétaire d'Hadjar et il était hors de question de cautionner cette personne. Pourtant, il fallait essayer de protéger Hadjar, hors de question pour moi de le laisser tomber.

 
 Jacqueline, une adoptante de plusieurs lévriers confiés par le CREL (http://www.crel.fr/) , s'est proposée comme famille d'accueil. La propriétaire d'Hadjar s'est satisfaite de cette garde gratuite et providentielle qui l'a soulagée de son chien pendant 4 mois ! Jacqueline a pris soin du petit père avec amour et abnégation, n'hésitant pas à se lever la nuit pour le changer car il souffrait toujours d'énurésie. Le plaies à vif d'Hadjar se sont refermées grâce aux bons soins de Jacqueline qui rêvait de l'adopter.


Hélas les grandes vacances d'Hadjar se sont achevées dans le drame et les larmes.
Sa propriétaire a organisé une véritable opération-commando surprise le 11 novembre 2013. Elle s'est présentée au portail de Jacqueline escortée des gendarmes, d'un éducateur-canin-ostéopathe aux méthodes douteuses, d'amis filmant la scène et intimidant Jacqueline en se faisant passer pour un "homme de loi".
Comment résister à cette pression ? Jacqueline, acculée et bouleversée a remis Hadjar la mort dans l'âme à ces personnes.
Le CREL a dans la foulée engagé des poursuites contre la propriétaire d'Hadjar pour tenter de mettre ce dernier en sécurité. Début décembre 2013, la brigade canine de Strasbourg a saisi Hadjar après avoir constaté son mauvais état sanitaire à domicile. Malheureusement, après un séjour éclair à la SPA de Strasbourg, Hadjar a été restitué à sa maîtresse qui n'a écopé que d'un rappel à la loi.
Cet épisode a eu le mérite d'obliger la propriétaire d'Hadjar à le soigner correctement comme en témoigne le blog qu'elle a créé pour la galerie : http://hadjar.over-blog.com/top

Insatisfaits par la réponse judiciaire au dossier d'Hadjar, nous étions tout de même rassurés par le droit de regard qu'elle comptait exercer sur Hadjar.
Nous avons baissé la garde.
Les semaines, les mois, sont passés, les nouvelles que nous parvenions à obtenir d'Hadjar étaient plutôt bonnes, jusqu'à ce que nous réalisions fin juillet qu'Hadjar avait disparu avant que sa maîtresse ne parte en Hongrie.
Nous pressentions le pire et le pire a été découvert à l'issue d'une enquête de la brigade canine diligentée par Jacqueline : Hadjar a été euthanasié dans une clinique allemande, sans qu'aucune personne ayant connaissance du projet mortifère de sa maîtresse ne lève le petit doigt pour le sauver.
Alors même que plusieurs personnes dont Jacqueline auraient pu l'adopter et le rendre heureux.

Je méprise profondément l'arrogance de ces personnes sans coeur qui exercent avec un cynisme absolu leur droit de vie et de mort sur l'animal qui leur a offert confiance et amour inconditionnels.

Maudite soit la Médée qui a assassiné son chien
Maudits soient les Judas qui l'ont abandonné à son sort



mercredi 2 juillet 2014

Retour à Brocéliande

La Fontaine de Barenton vue par le photographe-libraire de La Maison des Sources à Tréhorenteuc


Le Miroir aux Fées




L'été dernier mon bref séjour en Bretagne s'était achevé par une balade organisée par Armelle en pays de Brocéliande, au Val sans Retour. Je m'étais promis d'y revenir afin d'avoir le temps de découvrir cette forêt enchanteresse.
J'ai donc loué un gîte pendant une semaine au village de Tréhorenteuc, porte d'entrée du Val sans Retour.
J'avais mis une balise GPS à Chandigarh de peur de le perdre, mais il ne s'est jamais sauvé, profitant joyeusement de la liberté que je lui offrais en compagnie de la meute.

 

























L'Arbre d'Or













    Notez que je parle de Brocéliande et non de forêt de Paimpont, ayant bien conscience de fouler une terre elfique à tout jamais marquée par la légende arthurienne, une terre où , depuis des siècles, les pierres content et l'eau chante les mêmes histoires de fées et de chevaliers.
C'est donc sur les traces d'Yvain, de Lancelot, de la Dame du Lac et de l'Enchanteur que j'ai guidé mes pas.







                    Le Jardin aux Moines et le Tombeau de Merlin






















Pour la deuxième semaine de mes vacances je gagnai Fréhel sur la côte d'Emeraude et profitais du temps au beau fixe pour arpenter les plages sauvages d'Erquy et la lande illuminée par la bruyère et les ajoncs.


































Bien sûr ma semaine à Fréhel était l'occasion d’honorer le rendez-vous annuel avec la Saluki Family basée en Bretagne. Fétiha a retrouvé avec joie tonton Chiraf  et tonton Chehab ainsi que les cousins whiwhi...






  


Vous en voulez encore ? Allez, toutes les photos dans ce diaporama :